Rituels alimentaires : et si on quittait le tout ou rien ?
Manger quand vous avez faim et vous arrêter quand vous êtes rassasié(e). Aussi simple que cela paraisse, ce réflexe inné s’érode avec le temps. Entre plans alimentaires rigides, comptage de calories et injonctions à “bien manger”, il devient difficile de distinguer ce que vous aimez vraiment de ce que vous choisissez par obéissance à des règles. Résultat : plus de contrôle, moins d’écoute — et parfois une performance qui s’étiole.
Dans de nombreux sports, de la danse au rugby en passant par les échecs (et oui c’est un sport et quel sport 🧠), où l’exigence physique et mentale est permanente, l’alimentation intuitive n’est pas un laxisme : c’est une compétence. Elle vous aide à nourrir votre corps avec discernement, à préserver votre énergie, votre plaisir… et votre longévité artistique.
Quand “rigueur” rime (parfois) avec restriction
Refuser une part de gâteau par peur, “tenir” jusqu’au cours ou entrainement du soir sans collation, bannir les “aliments plaisir” : ces comportements peuvent sembler vertueux. En réalité, ils entretiennent un rapport anxieux à la nourriture, favorisent les fringales tardives et coupent vos signaux internes. La bonne nouvelle ? On peut réapprendre à se faire confiance.
L’alimentation intuitive, version sportive
L’alimentation intuitive vous invite à décider avec votre corps, pas contre lui. Concrètement, il s’agit de :
Reconnaître vos signaux de faim, de satiété et de satisfaction.
Honorer vos envies sans obsession, en gardant en tête les bases de la nutrition sportive.
Soutenir votre charge d’entraînement avec des apports suffisants et réguliers.
Pensez à votre métabolisme comme à une flamme : la nourriture est la cire. Sans cire, la flamme faiblit — même avec la meilleure technique.
Les 4 piliers pour (ré)apprendre à vous faire confiance
Remettre en question les règles alimentaires
“Pas de pâtes le soir”, “jamais de chocolat”, “les desserts, seulement le week-end”… Ces règles éloignent des sensations réelles. Remplacez le “j’ai le droit / je n’ai pas le droit” par des questions utiles : De quoi mon corps a-t-il besoin aujourd’hui ? De quoi ai-je envie ? Qu’est-ce qui soutiendra mon entraînement et ma récupération ?
Principe : tous les aliments ont leur place, dans des quantités qui vous conviennent.
Se donner la permission inconditionnelle de savourer
Le piège classique : “Je mange tout maintenant, demain j’arrête.” Cette logique entretient la sur-consommation et la culpabilité. Autorisez-vous à apprécier vos aliments préférés aujourd’hui, demain, et après-demain, dès lors qu’ils vous sont accessibles. Le plaisir fait partie d’une alimentation durable — et d’une relation apaisée à la nourriture.
Comprendre vos différentes “faims”
Identifier votre type de faim vous aide à répondre juste.
Faim biologique (physique) : gargouillis, baisse d’énergie, tête légère.
Faim de rebond : survient après trop d’heures sans manger ; signaux forts, envies “urgent/gras/sucré”. À prévenir.
Faim pratique : anticiper parce qu’un cours, un trajet ou une scène s’enchaîne ; on mange avant d’avoir très faim.
Faim du goût : manger pour le plaisir des saveurs. C’est légitime et apaisant.
Faim émotionnelle : manger parce qu’une émotion est présente (joie, stress, tristesse). Ce n’est pas “mal”. L’important est d’élargir votre boîte à outils émotionnels pour ne pas vous reposer uniquement sur la nourriture.
Utiliser la pleine conscience pour trouver “votre” portion
La question “Quelle est la bonne portion pour moi ?” revient souvent. La réponse est personnelle. La pleine conscience vous aide à l’affiner :
Ralentir.
Poser le téléphone, couper les écrans.
Observer textures, arômes, températures.
Faire des pauses de check-in (de 0 à 10 : où en est ma faim ? ma satisfaction ?).
Votre portion idéale est celle qui comble votre faim, vous laisse bien dans votre corps, et vous permet d’enchaîner entraînement, répétitions et vie quotidienne sans manque d’énergie ni lourdeur.
Concrètement (tout de suite dans votre semaine)
Planifiez une collation pratique toutes les 2 à 4 h autour des cours/répétitions/entrainements (ex. produit laitier + fruit, tartine fromage + compote, poignée d’oléagineux + yaourt, mini sandwich).
Hydratez-vous régulièrement (eau, eau pétillante, infusion) ; la soif se fait parfois passer pour de la faim.
Installez 1 repas sans écran par jour pour réentraîner satiété et satisfaction.
Gardez une “trousse d’urgence” dans le sac (barres simples, fruits secs, crackers + fromage) pour prévenir la faim de rebond.
Notez sans juger 3 observations après un repas : niveau d’énergie à 1h, sensation au ventre, humeur. Ajustez au prochain repas.
À retenir
Les calories sont de l’énergie, pas un ennemi.
Une performance durable exige un apport suffisant et régulier.
Tous les aliments ont leur place ; le plaisir stabilise.
Écouter faim / satiété / satisfaction est une compétence qui s’entraîne.
La pleine conscience est un outil, pas une règle : elle vous aide à trouver votre juste dose.
Conclusion
Se nourrir en confiance, c’est danser avec vos sensations plutôt que lutter contre elles. En vous autorisant à ressentir, à anticiper et à savourer, vous protégez votre énergie, votre plaisir et votre créativité — sur scène, sur le terrain comme en dehors.